Du "roman" de Eric
Reinhardt, il n'en reste pas grand-chose. La visite d'une femme
épuisée chez un homme qui lui apprend à tirer
des flèches avec un arc, scène tout à fait
hypnotique dans le livre, et qui ne l'est pas moins dans le film,
par le charme mystérieux de Bertrand Belin, démarche
chaloupée et voix envoûtante.
Pour le reste, c'est un film-dossier. Un bon film-dossier, qui montre
comment un homme parfait peut devenir un type odieux avec sa femme,
et comment cette femme, intelligente et pas née de la dernière
pluie, se laisse détruire à petit feu par son mari.
L'histoire d'un harcèlement, d'une mise sous tutelle sans
consentement. Même sans avoir pris connaissance du synopsis,
on comprend rapidement où le récit nous emmène,
dans l'horreur d'une possession. Valérie Donzelli a laissé
de côté beaucoup de sa liberté, de sa créativité,
pour rendre compte presque cliniquement de cette relation conjugale
étouffante et terrifiante. C'est (trop) propre, sans mystères,
presque sans suspense, ça enfonce bon nombre de portes ouvertes,
l'homme est un cliché : le salaud intégral, vénéneux
et détestable. La femme est elle aussi un cliché :
sans véritable personnalité, belle et se faisant trop
facilement manipuler. Bien sûr les autres femmes (la sœur,
les collègues, l'avocate) sont plus drôles ou plus
fortes et ne pourraient pas devenir des victimes… tout cela
est un peu simpliste. Seules brillent ces cinq à dix minutes
de forêt et de tir à l'arc. Trop peu pour emporter.