Un amour de jeunesse *

Mia Hansen-Love

L'histoire

Camille a 15 ans, Sullivan 19. Ils s’aiment d’un amour passionnel, mais à la fin de l’été, Sullivan s'en va. Quelques mois plus tard, il cesse d'écrire à Camille.
Quatre ans plus tard, Camille se consacre à ses études d'architecture. Elle fait la connaissance d’un architecte reconnu, Lorenz, dont elle tombe amoureuse.

Avec

Lola Creton, Sebastian Urzendowsky, Magne-Havard Brekke

Sorti

le 6 juillet 2011

La fiche allociné

 

 

La critique d'al 1

Une vibration

 

Mia Hansen-Love est à elle toute seule comme la cristallisation de l’incompréhension, de la divergence de vues entre les critiques professionnels et une très large partie du public. Inlassablement, les premiers écrivent dans des journaux bien-pensants tout le bien qu’ils pensent de cette jeune réalisatrice qui en est (déjà) à son troisième film. Et tout aussi régulièrement, le public (une grande partie) trouve cela plat, mal joué, inintéressant, en dehors de la réalité.
Pour les deux premiers, "Tout est pardonné" et "le père de mes enfants", j’étais largement du côté du public le plus large, et je ne sais pas encore ce qui m’a fait aller voir ce troisième chapitre de la trilogie (puisque trilogie il y a). A l’issue de la projection, mon curseur personnel s’est déplacé… Certes, les acteurs ne sont toujours pas dirigés, l’aspect schématique du récit empêche encore une bonne part des émotions de se manifester, mais cette fois-ci, il y a quelque chose, peut-être est-ce enfin une certaine maîtrise du temps, des scènes contemplatives mais pas vides, beaucoup de silence à la place des mots, un langage des corps, une signification des lieux, sans doute autre chose d’indicible, comment savoir… il y a une vibration, pas encore vraiment de quoi toucher le cœur au plus profond, non, juste des impressions qui sonnent vrai, qui donnent une idée de l’amour, de la difficulté d’aimer, et cela malgré l’aspect très construit (deux personnages sont architectes…) du scénario, à tel point que les critiques et même la bande annonce racontent l’histoire d’un bout à l’autre, comme si celle-ci n’avait finalement pas d’importance ; seules compteraient la structure et la façon dont les personnages se débattent avec leurs sentiments à l’intérieur de ce carcan théorique.
On peut à nouveau rester en dehors de cette approche, ne pas aller au delà du jeu volontairement plat des acteurs, refuser d’écouter ce qui se dit parce que non, vraiment, ça ne se dit pas dans la vraie vie… On peut aussi se laisser aller, tomber sous le charme ensoleillé de la nature ardéchoise, puis glisser dans les rues parisiennes, y trouver une certaine fluidité, se dire en fin de compte que le discours sur l’amour n’a pas tant d’assurance que ça, qu’il pose plus de questions qu’il n’apporte de réponses toutes faites. Pour ces doutes, ces instants suspendus, ces mots qui s’échappent, ces mots qui ne sont pas dits, pour tout cela, on peut se dire que Mia Hansen-Love est en train de devenir une cinéaste.

 

 

 

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