L'enquête, l'histoire,
qui est coupable et pourquoi, tout le monde s'en moque un peu…
Le charme du film pourrait tenir sur ces drôles de dialogues
très écrits qui semblent venir d'une autre époque,
ou bien sur ces attirances étranges entre les personnages.
Amalric campe un séducteur légèrement rabougri,
si peu assuré, et pourtant tellement convoité, par
ses étudiantes, par les mères de celles-ci, par sa
propre sœur… Cette dernière, plus sorcière
que princesse, jouée avec une étrangeté un
peu lourde par Karin Viard qu'on a connue plus inspirée,
promène une vulgarité feinte qui séduit un
autre professeur, de façon pas très plausible. Maïwen
a deux expressions, un sourire crispé pour montrer qu'elle
est amoureuse, un sourire crispé (presque le même)
pour étaler sa mélancolie. C'est incroyable le nombre
de fois où l'on peut se dire, quelle grande bouche a-t-elle…
pas de charme, pas de présence, pas de vibrations…
mais c'est bien elle qui fait fondre le Don Juan. Et puis il y a
l'étudiante qui veut elle aussi mettre le professeur séducteur
dans son carnet de chasse. On l'a rarement vue aussi repoussante,
la pourtant très attirante (en temps normal) Sara Forestier.
Ces relations étranges, absolument le contraire de ce qu'on
attend dans un polar classique, et tout à fait en accord
avec l'univers très barré des frères Larrieu,
devraient en toute logique exciter la curiosité, lever les
barrières des conventions, semer le récit de surprises
et de contre-pieds, mais au final, l'ensemble ne fonctionne pas.
Manque de rythme et d'un minimum de crédibilité ?
Présence envahissante de la musique ? Nonchalance affichée
vis à vis de l'intrigue ? Qui sait…
Pourtant, le décor montagnard répond admirablement
aux lignes épurées de l'école, complètement
improbable et pourtant bien réelle (l'école polytechnique
de Lausanne). Pourtant le film sort allègrement des chemins
formatés des fictions françaises. Pourtant les mots
ont comme une saveur inédite et Amalric s'en régale,
visiblement. Mais rien n'y fait, ça patauge dans la colle,
ça s'enfonce comme une balade dans la poudreuse sans raquettes,
ça finit par distiller un ennui poli et distingué.