Au final, on pourrait dire que
les scénaristes ne se sont pas fatigués, l’histoire
a déjà été vue et revue, avec encore une
riche bourgeoise s’ennuyant avec son mari et trouvant (retrouvant
?) des raisons de s’enflammer dans les bras d’un jeune
et bel ami de son fils, pas vraiment de la même catégorie
sociale qu’elle… Et puis, si l’on creuse un peu
les raisons de cette déception du point de vue du récit,
on trouve des regrets concernant le trio principal (ou tout du moins
celui qu’on espérait principal) : la mère, le
fils, et l’amant. Tous les autres personnages, traités
comme secondaires, auraient gagné à être relégués
encore plus loin dans le tableau d’ensemble. Par contre, la
relation amicale entre le fils et celui qui séduit la mère
est laissée à l’appréciation du spectateur.
La révélation tronquée par ce qui arrive, à
la presque tout fin, n’aurait-elle pas été de
nature à revoir la vision qu’on a du personnage du fils
? Le mystère qui plane est plutôt bien amené,
et il aurait sans doute été préjudiciable pour
le film de le dissiper, mais on se dit à cet instant qu’une
concentration du récit sur les relations au sein de ce trio
aurait sans doute débouché sur quelque chose de formidablement
troublant.
Au lieu de cela, on se contente d’images splendides, un catalogue
de photos sublimes, portées par une ambiance sonore (et pas
seulement musicale) hypnotisante. C’est déjà ça,
et cela fait passer un très bon et très beau moment.
Tilda Swinton, c’est évident, est une immense actrice,
mais le réalisateur sait aussi la mettre en valeur, elle est
tour à tour hautaine, glacée, d’une classe inouïe,
et puis défaite, sans défense, anéantie par le
désir et les sentiments.
C’est un film ambitieux, cherchant (et souvent avec succès)
à éblouir, ratant de peu le chef d’œuvre,
invoquant quelques fantômes de Visconti, ce qui n’est
pas une référence négligeable.