A moi seule

Frédéric Videau

L'histoire

Gaëlle est soudain libérée par Vincent, son ravisseur, après huit années d’enfermement.
Gaëlle doit affronter la vie dehors, face à ses parents et au monde qu’elle découvre.

Avec

Agathe Bonitzer, Reda Kateb, Hélène Fillières, Noémie Lvovsky, Jacques Bonnaffé

Sorti

le 4 avril 2012

La fiche allociné

 

 

La critique d'al 1

Indifférence…

 

C'est l'histoire d'une fille, elle est enlevée et son ravisseur la libère une petite dizaine d'années plus tard. Cela rappelle bien sûr l'affaire Natascha Kampusch, la jeune Autrichienne qui vécut séquestrée dans une cave entre 1998 et 2006. Le réalisateur dit s'en être inspiré, mais n'a pas voulu raconter cette histoire-là exactement.
Le récit montre, de façon éclatée, sans respecter la chronologie, la vie de la jeune fille et de celui qui la séquestre pendant toutes ces années (mais c'est un peu difficile de rendre compte de huit années en une heure et demie…) mais aussi ce qui se passe après la libération (ce qui permet de voir d'autres personnages, les parents, une psychologue, un ancien camarade d'école de la jeune fille…). Et tout cela pour quoi ? Pour nous délivrer quel message ? Pour nous faire part de quelles angoisses ou de quelles interrogations sur l'éducation et l'émancipation, la relation enfant-adulte ?
La situation est tellement lointaine, tellement étrangère au vécu du spectateur "ordinaire" qu'on a bien du mal à s'y intéresser. Pas d'identification possible, pas d'explication, même partielle, des raisons qui ont poussé l'homme à enlever la jeune fille. Difficile de suivre aussi l'évolution des sentiments de la prisonnière, ce qui la fait passer de la colère à la résignation, à la douceur, aux caprices… Progressivement, l'ennui s'installe. Ce que l'on éprouve est au-delà du recul, c'est une indifférence même pas apitoyée.

 

Vos commentaires pour ce film

Il y a le registre film coup de poing ou film dérangeant ou encore malsain. Ce n’est rien de tout ça, pourtant je suis sûre qu’on va retrouver ça dans les critiques, parce que ce serait sans aucun doute la manière la plus aisée d’appréhender le film.
Quand une gamine, la jeune Natacha Kampush ou d’autres, réapparait après des années de captivité auprès d’un type, un monstre forcément, on a envie d’éclater la tête du type, de prendre dans ses bras la jeune fille, de la protéger, de lui dire que tout ira bien désormais, qu’elle est à l’abri, sauvée. Mais en fait non.
Est-ce qu’on peut même survivre à ça, à huit années enfermée dans une cave par un type qui vous dit clairement que nous ne sortirez jamais de là. Un type avec qui, dieu merci, le cinéaste n’essaie pas de nous faire entrer en empathie. Il n’y a pas à espérer de rédemption, de syndrome de Stockholm ou quoi que ce soit, jusqu’au dernier moment, même s’ils cohabitent, Gaëlle, l’héroïne, essaiera de s’enfuir et le kidnappeur est un sale type, toujours à la limite de la violence, incapable d’être dans le monde réel, obnubilé par lui et lui seul.
Le personnage de Gaëlle a quelque chose de fragile évidemment, de cassé, mais aussi de monstrueux car il faut être soi-même un peu un monstre pour survivre en enfer.
Le film donne à voir des scènes terrifiantes dans leur fausse banalité, leur faux caractère passe partout. Cette enfant qui a subi on ne sait quoi pendant des années, est celle qui console son père, et qui lorsqu’il lui demande si elle pourra jamais arrêter de souffrir, lui répond d’un simple « je suis vivante papa ». C’est elle aussi qui planifie froidement le moment, qui arrivera fatalement, où le kidnappeur couchera avec elle.
Petite lueur d’espoir dans la dernière partie du film, on se dit que peut-être finalement, l’enfant n’est pas devenue un monstre, qu’elle va pouvoir non pas surmonter mais apprendre à vivre avec. On découvre aussi qu’aucun salut n’était possible pour Vincent, le kidnappeur, il n’a jamais rien compris à ce qu’il infligeait à Gaëlle.
Je n’oublie pas, c’est une critique de film, pas un livre… eh bien c’est la force de la réalisation et du jeu des comédiens : les acteurs sont incroyables et réussissent à faire passer toutes les émotions dans leurs traits, dans des gestes à l’économie, toute la solitude et la désespérance d’une telle situation, le tout accompagné d’une bande originale qu’on entend peu mais toujours exactement dans le ton, exactement le bon morceau.
Bref, un film à voir. Peut-être pas pour se réconcilier avec l’espèce humaine mais parce que ça fait du bien, du cinéma qui ne laisse pas indifférent.


Marie A, le 20 mai 2012

 

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