Vos commentaires
pour ce film
Il y a le registre
film coup de poing ou film dérangeant ou encore malsain. Ce n’est
rien de tout ça, pourtant je suis sûre qu’on va retrouver
ça dans les critiques, parce que ce serait sans aucun doute la
manière la plus aisée d’appréhender le film.
Quand une gamine, la jeune Natacha Kampush ou d’autres, réapparait
après des années de captivité auprès d’un
type, un monstre forcément, on a envie d’éclater la
tête du type, de prendre dans ses bras la jeune fille, de la protéger,
de lui dire que tout ira bien désormais, qu’elle est à
l’abri, sauvée. Mais en fait non.
Est-ce qu’on peut même survivre à ça, à
huit années enfermée dans une cave par un type qui vous
dit clairement que nous ne sortirez jamais de là. Un type avec
qui, dieu merci, le cinéaste n’essaie pas de nous faire entrer
en empathie. Il n’y a pas à espérer de rédemption,
de syndrome de Stockholm ou quoi que ce soit, jusqu’au dernier moment,
même s’ils cohabitent, Gaëlle, l’héroïne,
essaiera de s’enfuir et le kidnappeur est un sale type, toujours
à la limite de la violence, incapable d’être dans le
monde réel, obnubilé par lui et lui seul.
Le personnage de Gaëlle a quelque chose de fragile évidemment,
de cassé, mais aussi de monstrueux car il faut être soi-même
un peu un monstre pour survivre en enfer.
Le film donne à voir des scènes terrifiantes dans leur fausse
banalité, leur faux caractère passe partout. Cette enfant
qui a subi on ne sait quoi pendant des années, est celle qui console
son père, et qui lorsqu’il lui demande si elle pourra jamais
arrêter de souffrir, lui répond d’un simple «
je suis vivante papa ». C’est elle aussi qui planifie froidement
le moment, qui arrivera fatalement, où le kidnappeur couchera avec
elle.
Petite lueur d’espoir dans la dernière partie du film, on
se dit que peut-être finalement, l’enfant n’est pas
devenue un monstre, qu’elle va pouvoir non pas surmonter mais apprendre
à vivre avec. On découvre aussi qu’aucun salut n’était
possible pour Vincent, le kidnappeur, il n’a jamais rien compris
à ce qu’il infligeait à Gaëlle.
Je n’oublie pas, c’est une critique de film, pas un livre…
eh bien c’est la force de la réalisation et du jeu des comédiens
: les acteurs sont incroyables et réussissent à faire passer
toutes les émotions dans leurs traits, dans des gestes à
l’économie, toute la solitude et la désespérance
d’une telle situation, le tout accompagné d’une bande
originale qu’on entend peu mais toujours exactement dans le ton,
exactement le bon morceau.
Bref, un film à voir. Peut-être pas pour se réconcilier
avec l’espèce humaine mais parce que ça fait du bien,
du cinéma qui ne laisse pas indifférent.
Marie A, le 20 mai 2012
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