American sniper

Clint Eastwood

L'histoire

Tireur d'élite des Navy SEAL, Chris Kyle est envoyé en Irak dans un seul but : protéger ses camarades. Sa précision chirurgicale sauve d'innombrables vies humaines sur le champ de bataille et, tandis que les récits de ses exploits se multiplient, il décroche le surnom de "La Légende".

Avec

Bradley Cooper, Sienna Miller, Luke Grimes, Jake McDorman

Sorti

le 18 février 2015


La fiche allociné

 

 

La critique d'al 1

Terreurs

 

Qui connaissait Chris Kyle, avant d'aller voir ce film ? Beaucoup d'Américains, sans doute, puisqu'il est un héros. Un héros de guerre, certes controversé (un sniper n'ayant aucun regret pour toutes les victimes, même les enfants…), mais un héros tout de même.
En Europe, c'est autre chose, Chris Kyle est un inconnu, le spectateur peut donc vouloir s'y intéresser, ou pas. Le film ne peut pas être perçu de la même façon d'un côté et de l'autre de l'Atlantique. Et dans les pays arabes ? Pas sûr qu'il puisse y être programmé !
Tout est question de point de vue. Et ici, le film est ce qu'il est, sans doute patriotique, sans doute beaucoup trop plein de testostérone, de muscles, de morts en veux-tu en voilà… mais Clint Eastwood a le mérite de choisir un point de vue, et de s'y tenir. Le choix de ce point de vue est certainement discutable, il est en effet très représentatif de ce que l'on imagine de la pensée de l'Américain moyen (la guerre c'est moche, ça tue, mais les méchants, faut les buter…), mais pendant plus de deux heures, le film veut mettre le spectateur dans la peau d'un type qui va à la guerre, sans se poser de questions du pourquoi de cette guerre, et le brio de la mise en scène fait qu'on est véritablement pris par l'horreur des situations sur le terrain et que les scènes familiales lors des retours au pays sont elles aussi tout à fait crédibles et prenantes. Pas un mot, pas une pensée, pas une réflexion sur les raisons de ce conflit. Pas une seule vision de ce que sont les "ennemis". Ah si, quelques personnages de l'autre Monde : l'un passe pour un traître vociférant et qui, parce qu'il a parlé, perd la vie, un autre est un "boucher", ignoble et réglant ses comptes avec une perceuse… un autre encore est aussi un sniper mais celui-ci n'est pas un gentil (facile à reconnaître, il ne porte pas l'uniforme).
Mais voilà, nous ne sommes pas des Américains pensant que leur pays est le plus beau sur la Terre et que leurs valeurs sont les seules valables en ce monde. Nous sommes des spectateurs conscients, à la pensée fabriquée sans doute aussi comme tout le monde, mais probablement plus pacifistes que la moyenne, cherchant à comprendre, ne se contentant pas d'un seul point de vue. En cela, le film de Clint Eastwood est du pain bénit pour notre sens critique, tapons-lui sur la gueule avec nos mots, notre bonne conscience inoffensive, notre rage inutile, nous sommes des Européens, des citoyens du vieux monde, crions notre haine de la violence. Les Américains s'en contrefoutent, les djihadistes se marrent, et MLP engrange les voix. American Sniper est malheureusement un très bon film qui montre, à son insu parfois, le piège dans lequel nous nous enlisons, pas si lentement que ça, mais sûrement : d'un côté la menace islamiste, réelle ou fantasmée, qui nous donne une peur immense parce qu'elle nous priverait des libertés essentielles; d'un autre côté la tentation du combat réducteur du Bien contre le Mal, prôné par les Américains, ces auto-proclamés champions de la Liberté qui nous protègent en nous imposant leurs modèles économiques, effroyables eux aussi. Et au milieu de tout ça, les valeurs de l'extrême droite pure et dure, qui montent inexorablement et qu'on fait plus que sentir dans les propos des personnages d'American Sniper.
Finalement, c'est peut-être le film d'horreur le plus réussi de ces dernières années.

Vos commentaires pour ce film

Je suis déçue par ce Clint Eastwood, qui raconte l'histoire vraie d'un sniper texan pendant la guerre en Irak.
C'est un film patriote un peu long (plus de 2 heures), un film de guerre américain bien réalisé, pour ceux qui aiment le style.
Bradley Cooper est excellent en héro programmé, Sienna Miller est surprenante de justesse en femme et mère américaine courageuse et aimante.
Mais tout cela manque singulièrement de souffle et d'humanité, malgré une reconstitution réussie du théâtre des opérations, incluant tempête de sable et boucherie guerrière.


Isabelle E-C, le 22 février 2015

 

J'y ai vu beaucoup d'humanité.
Évidemment il y a plusieurs angles d'observation. Et en trouver un, c'est peut-être dire merci. Mais merci à quoi ? Un jour peut-être trouverons-nous de l'humanité dans un pilleur de banque, mais ça ce n'est plus d'actualité. Il parait cependant bien gentil à présent. Alors de ce film bien joué et scénarisé nous rendons hommage à la discrétion, pas celle du merci au coin des lèvres le dos courbe, ou d'une modestie bien orchestrée, mais celle qui sans ce film ne m'aurait pas fait rappeler que je suis né dans un pays libre et que la liberté est en fait rare ! Merci donc de me le rappeler.


Pierre L, le 25 février 2015

 

Très bien filmé, la guerre vue par Clint Eastwood, c'est du lourd, du vrai, du vécu, les passages en Irak sont saisissants, j'ai eu l'impression de me retrouver au cœur du conflit aux côtés des militaires.
Sienna Miller: impeccable, femme aimante qui reste à la maison à s’occuper des enfants.
Bradley Cooper: très bon, formidable d'intensité et de doute, reflet d'un pays et de sa société.
La musique d’Ennio Morricone a eu un Oscar (meilleur montage sonore.)
A la fin de son livre il est toujours vivant mais ce héros Américain n'a pas vu le film à sa gloire.
Cette tragédie démontre que la guerre ne fait que des perdants.
Le générique de fin fait partie de l'âme du pays.

Eddie Ray Routh a été reconnu coupable et condamné à la prison à perpétuité pour le double meurtre de Chris Kyle et de son ami Chad Littlefield.
Une "maladie mentale n'enlève pas la possibilité de distinguer le bien du mal", a estimé le procureur,
Toute possibilité de libération anticipée a cependant été exclue, selon la lecture du jugement.


Dominique P, le 28 février 2015

 

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