C'est formidable et très
agaçant. Exactement en même temps.
Film de troupe, de mouvements, de passions, de bouillonnements…
Ces jeunes adultes apprentis comédiens se comportent comme
des adolescents, pleins de vie et de pulsions, à la fois
égocentriques et pleinement ouverts sur les autres. Ils sont
interprétés par des acteurs qui jouent tout cela merveilleusement
bien, les joies, les peines, les immenses bonheurs, les attentes
insoutenables, les interrogations multiples sur le sens qu'ils donnent
à leurs engagements, les histoires d'amour et de désir,
tout est important, tout est vital, rien n'est anodin. Et parfois,
trop souvent, les scènes versent dans le trop-plein, l'hystérie,
il n'y a aucune pudeur, aucune retenue, tout finit par être
un peu trop souligné, l'enthousiasme continuel de l'une,
le spleen auto-destructeur de l'autre, on a l'impression que tout
ce qu'ils font dans la vie est exacerbé par leur position
de comédien. C'est probablement un compte-rendu fidèle
de ce qu'était cette explosion d'un théâtre
des sentiments et des passions mais cela peut paraître maintenant
quelque peu surjoué et sans délicatesse.
Alors bien sûr, tout théâtreux se doit de voir
ce film, témoignage d'une époque, mettant en pleine
lumière le travail monstrueux des comédiens et de
leurs metteurs en scène. Mais Bruni Tedeschi insiste beaucoup
sur l'histoire d'amour entre Stella (c'est elle-même, il y
a un peu plus de trente ans) et Etienne, et cela assombrit le tout,
tire l'ensemble vers un romantisme boursoufflé.
