À l'origine **

Xavier Giannoli

L'histoire

En France, aujourd'hui, un petit escroc sans envergure réussit à se faire passer pour un chef de chantier responsable de la construction d'un tronçon d'autoroute. Il va duper toute une région...

Avec

François Cluzet, Emmanuelle Devos, Vincent Rottiers, Stéphanie Sokolinski

Sorti

le 11 novembre 2009

La fiche allociné

 

 

La critique d'al 1

La belle ouvrage

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Parfois, il faut se méfier des films "d’après une histoire vraie". Et parfois, non. La recherche minutieuse collant au plus près de la vérité peut donner naissance à une œuvre bridée, sans créativité. Giannoli, en s’inspirant d’un fait divers des années 90, parvient à éviter le piège de la reconstitution.
Aussi étrange que cela puisse paraître, le récit de la construction d’un morceau d’autoroute par les forces vives d’une petite ville française n’est absolument pas inventé. Sur cette base étonnante, se noue quelque chose qui a à voir avec les romans de Mordillat, pour l’observation fine et pourtant romantique d’un milieu social, et aussi avec les épopées fabuleuses mettant en scène des conquistadors de l’inutile, de Don Quichotte à Fitzcarraldo.
La structure du film emmène le spectateur, l’attache au récit, aux personnages qui hantent la mémoire longtemps après la fin de la projection. De prime abord, l’escroc joué par Cluzet ressemble à d’autres anti-héros déjà croisés sur les écrans… Leur passé est mystérieux ; leur présent est pitoyable, matériellement et moralement ; leur avenir sera, au choix, rocambolesque si l’on se trouve dans le registre de la comédie, même amère (un Ken Loach, sur le même point de départ, est capable d’en faire une histoire de solidarité sociale teintée d’humour et à fort message politique), ou bien dramatiquement sombre, où la destinée des protagonistes semble écrite d’avance (c’est la fascination morbide que l’on peut avoir pour les héros désespérés et pourtant magnifiques…).
Ici, Giannoli navigue entre les deux, et trouve une troisième voie, en s’intéressant, comme son personnage principal, au travail et à ce qu’il représente, ainsi qu’aux habitants de la petite ville, en leur donnant une existence qui, si elle n’évite pas tout à fait les clichés sur la province, évite le schématisme. En même temps que le récit glisse vers eux, les transfigure, leur donne un éclairage tout en finesse et nuances, l’escroc bascule très lentement, tout l’art du réalisateur éclate dans cette métamorphose invisible, et la folie qui l’anime paraît à la fois grandiose (et donc peu véridique) et parfaitement vraisemblable, parce que tous les personnages qui l’entourent sont comme des révélateurs, des éléments d’un contraste permanent. Le film lui-même se calque sur cette évolution : d’abord factuel, nerveux, précis, clair, il se teinte peu à peu d’ambiguïté, comme une tragédie qui ne dirait pas son nom. Les acteurs sont splendides, pas dans une course à l’interprétation flamboyante, non, juste dans l’incarnation d’hommes et de femmes à l’humanité renversante.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Vos commentaires

Un film génial qui met en évidence que pour piloter une équipe les compétences techniques ne sont pas forcement utiles ! Par contre les valeurs humaines priment !
Beaucoup de choses seraient à prendre en compte pour expliquer aux différentes hiérarchies qui nous pilotent qui nous gouvernent aussi, que l'esprit du terrain ne veut pas dire compétence du terrain, mais contact avec les hommes.
Un film touchant, un film énorme qui nous met face à la réalité où tout est possible pour tous en apparence, mais voilà nous sommes cadré par des principes, des règles, et donc seules les exceptions peuvent arriver, et en voilà une filmée !

Pierre L. 16 novembre 2009



Les comédiens que l’on appelle des seconds rôles sont excellents. Extraordinaire histoire vraie de Philippe ou Paul escroc angoissé, effrayé par sa propre audace construisant une autoroute au milieu de nulle part allant vers nulle part, qui se prend au jeu et ne peut plus lâcher pris au piège de ces émotions redonnant du boulot à toute une ville à la dérive. Un peu long, je me sentais gêné par cet homme qui trompait ces gens pleins d'espoir.

Dominique P. 23 novembre 2009


Al1 a déjà dit l’essentiel, mais j’avais envie moi aussi de partager l’émotion ressentie, il me fallait juste trouver mes propres mots sans faire de la redite et encore moins du copié-collé. L’histoire, lisez Al1 ou Allociné, je veux parler d’autre chose.
Choix du titre : je suis perplexe, mais je ne sais pas son « origine » ; cependant il n’est pas nécessaire de connaître l’origine des personnages rencontrés au cours de ce voyage cinématographique pour s’attacher à leurs pas et partager avec eux un moment d’humanité pure – émotion du même ordre ressentie avec «welcome» -
Chaque personnage, du « héros » au plus petit rôle arrive devant nous avec son humanité, son vécu, ses travers, aucun n’est lisse, beau, ou romantique, ils sont tous vivants et un peu « morts » à la fois, vivants par leur furieuse envie de s’en sortir et de croire encore que tout est possible sans être complètement naïfs, et « un peu morts » par tous les coups reçus et les désillusions vécues, quel que soit leur âge.
Des couleurs sombres, le marron de la boue, le gris de la pluie, les bâtiments abandonnés, les vues de cette région dévastée par le chômage et la vilenie de capitalistes qui abandonnent les hommes une fois qu’ils ont ramassé toutes les subventions et engrangé le pognon soutiré pour un projet qu’ils laissent péricliter. Et des éclairs de lumière ou de couleurs par moments comme les éclairages des travaux qui illuminent cette portion d’autoroute, les bulles du mousseux que l’on boit pour fêter ce que chacun espère être le renouveau tant attendu pour leur ville et surtout leur vie….. Et surtout les regards, le bleu des yeux de Stéphane (Emmanuelle Devos), bleu triste, perdu, puis perplexe qui revit pour s’éteindre à nouveau dans les larmes et Nicolas (Christophe Rottiers), bleu intense, torturé, qui a déjà vécu et souffert, regard qu’il nous montrait déjà dans « je suis heureux que ma mère soit vivante », le marron triste des « fournisseurs » et ouvriers du chantier et enfin les noirs, la noirceur de François Cluzet et le noir doux et confiant de Monika (Stéphanie Sokolinski). Leurs regards montrent leur cheminement tout au long de ce film.
Nicolas et Monika montre le jeune couple qui veut construire, avancer mais qui traîne un passé lourd et déjà chargé de souffrance, lui est en devenir, il oscille entre le « bien » et le « mal », à la fois clairvoyant et englué dans un fonctionnement guidé par la nécessité (misère sociale ambiante) et des choix de chemins pas très droits , elle veut s’en sortir, , y croire, elle attend un bébé, symbole évident de confiance en la vie ou inconscience pure penseront certains pessimistes de la vie !!!
Miller et Stéphane (E. Devos) vont tenter ensemble de reconstruire, un peu leur vie, un peu la vie de cette ville, et la vie des gens qui les entourent, l’un à son corps défendant, l’autre sans trop vouloir y croire vraiment, pour se protéger bien sûr…
J’ai eu l’impression que le visage de Cluzet changeait au fur et à mesure de l’histoire, au début visage sombre, taillé à coups de serpe (comme on a lu dans certains romans), fuyant, loin à l’extérieur des autres , blessé et revenu de tout, acculé par la vie et ses choix douteux.
Plus tard , il semble s’arrondir, s’éclaircir, s’adoucir (sans doute effet voulu ) dans la peur, le doute, l’espoir, l’amour naissant, la souffrance d’être ce qu’il est et le désir de changer pour elle, pour tous ces « gens » qui n’en sont plus et qui lui sont devenus des « proches » et pour lui.
C’est sans doute un parti pris de ma part et peut-être ne verrez-vous pas les choses comme moi mais tout est justement affaire de regards !!!


Isabelle M. 25 novembre 2009

 

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