Au lycée Turgot, le croirez-vous,
en plein cœur de Paris, au milieu de classes peuplées
de bons élèves issus de classes sociales très
favorisées, il y a une section incongrue, de la seconde à
la terminale, qui forme avec bonheur la future élite des
danseurs hip-hop. Ce ne sont pas tous des forts en maths ou en dissertation,
loin de là, mais ils ondulent admirablement, ils électrisent
l'espace autour d'eux, ils créent des chorégraphies
hallucinantes sur des musiques qui font trembler les dorures du
vieux bâtiment. Le projet de fabriquer un documentaire sur
ces élèves et leurs professeurs est assurément
une bonne idée, il y a là une sacrée matière,
et une belle opportunité de parler de la diversité,
des apprentissages, des efforts à fournir, de la reconnaissance,
de l'estime de soi…
Les images de danse sont impressionnantes, ces jeunes gens ont une
technique et un sens du rythme hors du commun. Les scènes
d'entretien entre les élèves et l'équipe de
direction (génial, ce proviseur !) autour des bilans de fin
de trimestre sont elles aussi assez formidables, on parle autant
d'échecs que de réussite, c'est drôle ou désespérant,
encourageant ou inquiétant… mais le film montre aussi
plusieurs aspects du hip hop qui peuvent rebuter : on parle de "battles",
d'argent, de domination… l'esprit de groupe est très
peu mis en avant, la réussite (ou l'échec) est d'ordre
individuel. La technique est prédominante par rapport aux
émotions. Les réalisateurs rendent compte de cela,
mais n'exposent pas de point de vue, du coup l'ensemble reste un
peu froid et on a un peu de mal à s'attacher aux différents
personnages du documentaire.