Ah, le beau sujet gâché...
Sans doute l'auteur de ce film, en racontant l'histoire de sa mère,
était-il trop épris de son sujet et a-t-il voulu mettre
de la distance, pour éviter trop de pathos... et le résultat
est anecdotique, sans émotions ou presque, un vrai beau gâchis
d'actrices, quand on sait ce que peuvent provoquer en larmes Julie
Depardieu et Suzanne Clément.
Le récit commence dans le camp, et l'on est en droit de se
demander si ce début est vraiment utile. Il se veut inquiétant,
jouant sur une sorte de suspense morbide qui en fait n'existe pas
: sur l'affiche, ce n'est pas un duo, la question de savoir si la
troisième, celle qui reste dans le camp, s'en sortira ou
pas, n'a pas lieu d'être... Il en est de même pour l'enquête
de l'une d'elles afin de retrouver les autres. Lorsqu'on les voit
enfin toutes les trois ensemble, plus de quinze années de
vie et vingt minutes de projection ont passé et probablement
le fait de comprendre peu à peu ce qui les réunit
aurait sans doute donné plus d'intérêt que cette
lourde introduction. Je ne sais plus quel cinéaste avait
déclaré un jour que beaucoup de films seraient bien
meilleurs si l'on supprimait la première bobine... Ici, c'est
vraiment le cas.
La suite est une succession de dialogues et de situations convenues
sur le fait de se reconstruire après avoir subi un traumatisme.
Quelques scènes parviennent à être cyniquement
drôles (l'après-vente d'Auschwitz..., l'effarement
de l'animateur du club Mickey en les entendant se disputer,...)
mais la plupart pédalent dans le vide, à force de
vouloir caser tout ce qu'il faut dire sur le sujet. On ne croit
pas à l'amitié de ces trois-là, malgré,
parfois, quelques beaux regards échangés; on ne croit
pas à leurs histoires individuelles; on ne croit pas à
la reconstitution laborieuse (vieilles bagnoles et meubles en formica)
des années 60, en couleurs saturées...
On se surprend à s'intéresser d'avantage aux personnages
secondaires qu'aux trois amies rescapées, à se poser
quelques questions superficielles, sur la fête de l'Huma,
les bikinis, le twist et les sachets de thé. Rien que de
l'anecdotique, hélas...