Le dispositif utilisé pour
ce polar arabo-israélien à multiples tiroirs et multipliant
les points de vue, est bien évidemment essentiel dans l’aspect
terriblement réaliste qui donne parfois l’impression
que tout cela n’est pas tout à fait une fiction. Les
deux réalisateurs ont choisi de tourner avec des acteurs non
professionnels, venant des quartiers où est implantée
l’action : les personnages n’en sont que plus crédibles,
le récit, complexe, dense, mêlant les retours en arrière
et les ellipses en oublie parfois de bien définir chacun et
le spectateur doit faire un effort pour ne pas se perdre, quitte à
visionner le film deux fois…
Le principe de ne tourner qu’en une seule prise a de même
été privilégié, afin de garder la spontanéité
des réactions, les apprentis acteurs n’ayant pas eu,
au moment de tourner, tous les éléments du scénario.
Il y a donc des véritables effets de surprise. Pour se permettre
de filmer en première prise des acteurs non professionnels,
il fallait une certaine préparation : les réalisateurs
ont travaillé bien en amont, sans caméra, pour que chaque
acteur se confonde avec son personnage. Au vu du résultat,
on espère pour eux qu’ils ont réussi à
s’en éloigner, pour le bon état de leur santé
mentale.
A l’issue d’une première vision, on peut se sentir
frustré, un peu décontenancé face à la
richesse de ce récit fragmenté, où chaque détail
compte et où il semble impossible d’en saisir toutes
les ramifications. Une deuxième vision permet de recoller les
morceaux et d’identifier clairement tous les personnages. A
contrario, la part de mystère s’envole et sans doute
le caractère fort du film s’en trouve légèrement
affadi…