Des centaines d'heures de rushes 
              et plus de mille séquences… Comment choisir pour bâtir 
              un film qui parlerait de l'adolescence, de la peur de l'avenir, 
              de la difficulté de s'affranchir des relations familiales, 
              de l'amitié, des amours naissantes et pourtant passionnées, 
              de son propre regard et de celui des autres sur son propre corps, 
              de tout ce qui sépare deux jeunes filles et de tout ce qui 
              les rapproche, sans oublier les profs, les frères et sœurs, 
              les mères, surtout les mères, un peu les pères, 
              les disparus, les amoureux, ceux qu'on n'aime plus… Le réalisateur 
              tranche, éclaire ceci ou cela, laisse des parts d'ombre… 
              Les deux filles, Emma et Anaïs, grandissent, changent, s'éloignent 
              l'une de l'autre, se retrouvent (pour les besoins du film ?), on 
              s'y attache, plus à l'une qu'à l'autre, mais ce sera 
              sans doute différent selon les spectateurs. Au bout du compte, 
              des séquences restent en mémoire, les deux "personnages" 
              sont plutôt bien cernés, mais l'impression générale 
              est celle d'un saupoudrage. En un peu plus de deux heures de temps, 
              il est impossible de rendre compte de tout, et les choix manquent 
              peut-être de radicalité, le rapport avec les mères 
              restant ce qui est le mieux traité, en tout cas c'est cet 
              aspect qui prend le plus de temps dans le montage final. Tout le 
              reste semble effleuré et du coup manque de consistance, parait 
              superficiel. On retient qu'Anaïs n'a pas beaucoup de chance 
              dans la vie, que son milieu familial et social ne l'a pas aidé 
              mais qu'elle parviendra sans doute à être une jeune 
              adulte responsable et déterminée, ce qui n'était 
              pas gagné au départ, et qu'Emma n'est jamais enthousiaste 
              (il faut dire qu'elle a de qui tenir, avec une mère assez 
              décourageante) malgré ses facilités et son 
              aisance sociale.