Les adieux à la reine

Benoît Jacquot

L'histoire

En 1789, à l’aube de la Révolution, Versailles continue de vivre dans l’insouciance et la désinvolture, loin du tumulte qui gronde à Paris. Quand la nouvelle de la prise de la Bastille arrive à la Cour, le château se vide, nobles et serviteurs s’enfuient…Sidonie Laborde, jeune lectrice entièrement dévouée à la Reine, ne veut pas croire les bruits qu’elle entend. Protégée par Marie-Antoinette, rien ne peut lui arriver.

Avec

Léa Seydoux, Diane Kruger, Virginie Ledoyen, Xavier Beauvois, Noémie Lvovsky, Michel Robin, Julie-Marie Parmentier

Sorti

le 21 mars 2012

La fiche allociné

 

 

La critique d'al 1

Fiction historique

 

Vrai-faux film historique, avec des personnages ayant réellement existé, observés et parfois troublés par Sidonie Laborde, fruit de l'imagination (sauf son nom et sa fonction) de la romancière Chantal Thomas, fictionnelle donc, mais pas tout à fait. Elle représente, avec ses congénères, les servantes de la famille royale, petites, toutes petites au regard de la noblesse, mais parfois d'une très grande intimité avec ceux qui ont le pouvoir.
Lorsque l'on se trouve devant un tel objet cinématographique, il est difficile de ne pas le comparer avec ce que l'on croit être la réalité historique, celle qui nous a été façonnée par l'école, les livres, les images d'Epinal ou d'ailleurs… Ce que l'on voit à l'écran surprend. Le faste attendu est bien là mais il y a une proximité étonnante, une façon de filmer qui fait pénétrer le spectateur dans l'intimité des alcôves et des boudoirs, avec l'impression d'y être, sans recul, sans artifices. Ce qui est dit des quatre premiers jours de la Révolution Française, côté cour royale, n'a un intérêt que pour l'atmosphère ressentie, une micro-société complètement renfermée sur elle-même, ignorante de ce qui se passe à l'extérieur, et au seuil de l'écroulement, de la décadence, non seulement à cause des évènements en dehors du château royal –des évènements qu'on ne voit jamais- mais aussi en raison de la gangrène qui ronge de l'intérieur.
Tout cela est fort bien montré mais à vrai dire, pas tout à fait passionnant (réflexe de gauchiste ? on s'en fout, de tous ces nantis et de leurs faux soucis) sauf si on parvient à extrapoler la situation et y voir un exemple comme un autre de l'implosion violente d'une société organisée, par manque de clairvoyance et d'ouverture sur les autres.
Le vrai sujet est sans doute ailleurs, au-delà de l'Histoire et de ses personnages célèbres (ou pas). Le récit suit de tout près la jeune lectrice de la reine, Sidonie Laborde, qui malgré ses origines roturières (on l'imagine) est clairement du côté de la monarchie et ne comprend pas plus que les membres de la cour ce qui est en train de se passer à la Bastille et ailleurs. Elle est toute dévouée à sa maîtresse, et dès lors, ce n'est plus Marie-Antoinette que l'on voit, mais une star ou une femme de pouvoir qui exerce une domination perverse sur les personnes qui travaillent pour elle. C'est donc l'histoire d'une relation à sens unique, une admiration sans bornes et troublante, d'autant plus que la jeune lectrice paraît intelligente et fine et qu'on peut se trouver désolé qu'elle n'ait pas plus de sens critique vis-à-vis d'une reine frivole et inconséquente. Mais ce sont bien là des réflexes actuels et anachroniques, il était sans doute impensable à cette époque d'avoir du recul dans une telle situation. Le film, par sa facture très contemporaine, autorise pourtant ce regard. C'est à la fois sa force, et sa limite.

 

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