N’en déplaise aux
admirateurs de Tardi, Adèle Blanc-Sec est une œuvre assez
légère, un divertissement mineur… Que Luc Besson
se permette de l’adapter n’est pas un sacrilège,
loin de là. Il est plutôt performant lorsqu’il
s’agit d’amuser de façon spectaculaire, comme dans
l’excellent "Cinquième élément".
Il met donc au service d’un récit absolument pas sérieux
toute sa science des décors un peu irréels, des personnages
définis par une silhouette… c’est rapide, efficace,
sans prétention, un peu trop aimable par rapport à l’esprit
frondeur et iconoclaste de la bande dessinée, un peu trop linéaire
et sage au regard du grand bordel (désolé, pas d'autre
mot...) qu'est l'oeuvre originale. Il faut bien dire qu’au final,
on ne retient pas grand-chose de cette pochade, grand rassemblement
de tronches impossibles qui se débattent avec des évènements
tout à fait improbables. Les seconds rôles, bien connus
des amateurs de la version dessinée, les Caponi, Dieuleveult,
Saint Hubert ou Espérandieu ne sont pas mal rendus, visuellement.
Mais ils ne tiennent pas très longtemps, leurs dialogues étant
vraiment trop pauvres, leurs personnages figés, sans possibilités
d’évolution…
Heureusement, pour donner un peu de piquant à tout ce qui reste
d’une légèreté affligeante, il y a Louise.
Louise Bourgoin, parfaite, absolument parfaite. Elle est bien mieux
que l’Adèle originale, elle parvient à être
pétulante et morne en même temps. Cette fille (actrice
? pas tout à fait sûr, mais phénomène,
oui !) est un bonheur. Jolie sans être tout à fait belle,
elle a une façon délicieuse d’envoyer ses répliques,
comme si elle s’en moquait totalement. Elle provoque une douce
euphorie, une envie qu’elle soit de toutes les scènes…
C’est déjà son troisième rôle important
(après "la fille de Monaco" et "Blanc comme
neige") et elle montre un talent et un caractère inédits
dans le cinéma français. Vivement le prochain film avec
cette dynamiteuse du bon goût…
