À bicyclette !

Deux hommes pas encore vraiment vieux, mais plus du tout jeunes, absolument pas sportifs, partent pour un périple à bicyclette à travers l'Europe, pour rendre hommage au fils de l'un d'eux, disparu il y a quelques années. Ils suivent ses traces, font quelques rencontres, et surtout ils parlent. Du manque, de la peine, mais aussi de leur amitié, de ce qu'ils vivent sur cette route. C'est filmé à hauteur de bicyclette, ça a parfois un petit côté touristique, ils ont l'air très naturel, comme s'ils ne jouaient pas. C'est touchant, drôle parce que les deux personnages le sont. Une séquence dans un airbnb peut déclencher une franche hilarité, un vrai moment de comédie.
Et puis chemin faisant, les échanges commencent un peu à tourner en rond, il y a de la répétition. Il y a comme une impression d'aller forcer l'émotion. Et tout à coup, on saisit, les deux personnages portent les mêmes prénoms que les acteurs, Philippe Rebbot parle de Montreuil, là où il habite. Il n'y a aucun champ contre-champ. Et il suffit d'une recherche rapide à la suite de la projection pour confirmer que tout ceci est une histoire vraie. Pas d'après une histoire vraie, juste le réel. Mathias Mlekuz a perdu un fils, Philippe Rebbot est son ami, et ils sont vraiment partis à bicyclette pour faire le même trajet que le fils disparu. Le voyage que l'on voit à l'écran n'est pas une histoire reconstituée, c'est le voyage, filmé par un cameraman. C'est donc un documentaire, ou ce qu'on appelle un docu-fiction. Ce type de film est toujours un peu gênant car on ne sait pas si les dialogues sont vraiment spontanés ou initiés par la présence de la caméra. On a beaucoup critiqué la télé-réalité, son voyeurisme, sa pseudo vérité… le cinéma-réalité n'en est pas loin, au final.