A partir d’un enchaînement
de faits très improbables, Albert Dupontel a tricoté
une comédie haut de gamme, qui parvient à émouvoir,
entre deux éclats de rire. On peut même la considérer
comme une comédie romantique. Bien sûr, complètement
décalée, la comédie romantique. Quoique. Les
deux personnages sont des solitaires, des acharnés dans leur
activité professionnelle. Leur rencontre éventuelle
est impossible, ou bien dans un contexte tellement conflictuel qu’il
ne pourrait rien se passer. Mais c’est du cinéma, et
tout est donc possible.
Ça frôle le burlesque, et c’est bien plus documenté
sur l’univers judiciaire que beaucoup de films "de procès",
et pour cause, Michelle Bernard-Requin, la (vraie) juge du formidable
"10ème chambre" de Raymond Depardon est à
la fois actrice et consultante sur la cohérence des procédures
juridiques. L'avocat joué par Nicolas Marié, bègue
et complètement allumé, est donc à la fois
hilarant et presque crédible.
Sur ce fond à la fois strict et déjanté, l'histoire
se développe en alternant les scènes de comédie
pure et celles qui feraient presque monter la larme à l'œil…
Dupontel en tant que réalisateur montre là un talent
rare, à passer d'un registre à l'autre, sans édulcorer
l'aspect comique acerbe par trop douceur, et sans non plus dynamiter
le regard tendre qu'il porte aux personnages par un trop-plein de
bouffonnerie.
L'équilibre est trouvé, la comédie est parfaite…