John Woo retournant dans son pays
natal pour réaliser le film le plus cher de l’histoire
du cinéma chinois, c’est bien évidemment ce qui
attire le public occidental, qui se fiche éperdument de cette
bataille de la falaise rouge, pourtant immensément célèbre
en Chine. Si l’on ne voit que le côté spectaculaire
de l’entreprise, on peut être satisfait : le nombre de
figurants est colossal, les moyens mis en œuvre sont de toute
évidence énormes. Mais l’ennui est à la
hauteur de la surenchère : il n’y a pas une once d’humour
ni de poésie, les personnages sont totalement prévisibles,
l’issue du combat ne fait aucun doute, les gentils sont doux
et mettent bien en avant leurs valeurs humaines tandis que le méchant,
sans charisme, joue sans aucune surprise son rôle de puissant
surarmé mis en déroute par beaucoup plus petit que lui.
Cette absence générale de suspense et d’inquiétude
éventuelle de la part du spectateur s’accompagne, et
c’est assez étonnant pour une histoire basée sur
le célèbre "art de la guerre", d’une
grande confusion dans la plupart des combats entre armées :
qui est de quel côté, qui attaque qui, qui a gagné
et pourquoi, les réponses à ces questions sont loin
d’être toujours évidentes. Seul à véritablement
fonctionner, le récit de l’attaque par les bateaux mettant
le feu aux navires ennemis avec l’aide du vent apporte pendant
quelques minutes une petite source d’intérêt.
On en sort passablement fatigué, comme écrasé
par tant de lourdeur.