38 témoins *

Lucas Belvaux

L'histoire

Alors qu'elle rentre d'un voyage professionnel en Chine, Louise découvre que sa rue a été le théâtre d'un crime. Aucun témoin, tout le monde dormait. Paraît-il. Pierre, son mari, travaillait. Il était en mer. Paraît-il… La police enquête, la presse aussi...

Avec

Yvan Attal, Sophie Quinton, Nicole Garcia, François Feroleto, Natacha Régnier, Didier Sandre


Sorti

le 14 mars 2012

La fiche allociné

 

 

La critique d'al 1

…et des millions de questions

 

38 personnes témoins d'un crime dans la nuit, certes de loin et pour la plupart n'ayant rien vu mais toutes ayant été réveillées par les cris. Au matin, personne n'a rien vu, rien entendu. 38 lâches et coupables de non assistance à personne en danger, ou bien juste des individus qui n'ont pas bien jugé la situation ?
Le scénario est absolument passionnant, portant sur la responsabilité collective, la culpabilité individuelle, le pardon ou son impossibilité. Les personnages portent chacun un poids infini, ne sont pas figés, ils hésitent, se contredisent, aucun n'a vraiment tort, aucun n'a complètement raison, les questions affluent tout le long du récit, qui a le grand mérite de ne pas donner de réponses toutes faites. Au final, il reste des zones d'ombre importantes, des débats non tranchés, des soulagements pas complètement assumés, des regrets et des remords pleins de doutes. Le scénario ne juge pas, certains personnages le font, d'autres pas. Au spectateur de trouver son point de vue, ou bien pas : il peut aussi rester dans l'interrogation, et quoiqu'il arrive c'est bien la réaction dans une véritable situation de cet ordre qui compte, pas ce qu'on pense faire si cela arrivait. Il est très facile de dire "je serais intervenu, j'aurais appelé, j'aurais fait ceci ou cela…" C'est au moment où les choses arrivent que l'on sait ce qu'on est capable de faire, ou de ne pas faire.
La mise en scène et la direction d'acteurs peuvent surprendre. Lucas Belvaux n'a sans doute pas demandé un jeu naturel. Les dialogues sont très écrits, l'intérêt est dans ce qui se dit, non pas dans la façon dont les choses sont énoncées. L'utilisation des décors, intérieurs et extérieurs, donne aussi une étrange impression d'irréalité, comme au théâtre. On est loin d'un aspect documentaire, le côté schématique ou théorique est mis en avant. On peut trouver cela désincarné et pesant, ou bien au contraire donnant la distance nécessaire pour supporter l'ambiance oppressante. Quel que soit le ressenti du spectateur, c'est un choix de la part du réalisateur, un point de vue venant de quelqu'un qui a quelque chose à dire et à montrer, qui questionne, qui met le spectateur dans une position de citoyen capable de réfléchir. C'est loin d'être le cas de tous les films abordant un problème de société.

 

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