Ah, la dure vie du roi d’Angleterre
! Deux sœurs s’offrent à lui, et ce sont Natalie
Portman et Scarlett Johansson qui se prêtent au jeu. Je serais
ce roi-là, je laisserais tout tomber, fortune et pouvoir, royaume
et honneurs, juste pour que ces deux-là me couvent du regard.
Mais là n’est pas le sujet.
Anne Boleyn, la maîtresse d’Henry VIII, devenue sa femme
et ayant pour cela forcé le roi à rompre avec l’Eglise
de Rome, Anne Boleyn donc, avait une sœur. Une sœur que
la grande Histoire a oubliée, mais qui a réellement
existé. Nous ne sommes donc pas dans le fantasme pur. Mais
il est bien difficile de démêler à l’écran
ce qui est reconnu comme élément de vérité,
et ce qui fait partie de l’imaginaire des scénaristes.
C’est un peu gênant, mais ce n’est pas le pire.
La mise en scène est d’une platitude absolue, avec des
effets répétitifs, voyants et ennuyeux, légers
travellings pour découvrir un nouveau décor ou un visage
censé être grave, multitude de plans de couloirs arpentés
par des personnages marchant à une vitesse proportionnelle
à leur degré de colère, passages d’un lieu
à l’autre comme dans les pires feuilletons américains
: zooms sur l’extérieur des bâtiments, et toutes
sortes de procédés que l’on croirait sortis d’un
manuel de l’apprenti metteur en scène.
L’histoire n’est pourtant pas inintéressante, basée
sur un antagonisme entre sœurs qui pourtant s’adorent,
et voir jusqu’où le personnage d’Anne peut aller
pour préserver sa place auprès du roi est assez réjouissant.
Mais le récit est massacré par l’absence d’idées
pour le mettre en scène, et on ne voit plus que les défauts,
ou les détails qui font parfois passer le film dans la catégorie
des comédies historiques second degré, comme ces costumes
masculins à mourir de ridicule, avec des épaulettes
surdimensionnées : le roi et ses petits camarades paraissent
plus larges que haut…
Il reste le plaisir d’admirer les visages des deux actrices,
qui font ce qu’elles peuvent pour donner vie à leurs
personnages, efforts pas très bien récompensés
: on voit plus Natalie et Scarlett qu’Anne et Mary.