On est là
pour frissonner, pour prendre fait et cause pour la belle apeurée,
dont on sait à l’avance qu’elle sera séquestrée
par un solitaire pervers et passablement dérangé qui va
lui faire subir un réveillon de Noël particulièrement
sordide.
Ce genre de cinéma est très codifié, nous ne sommes
pas dans l’horreur absolue, le gore immonde qui se permet tout
et n’importe quoi. Il faut donc un décor à tendance
claustrophobique, une jeune femme blonde à croquer, genre princesse
ou petit chaperon rouge pour adulte, fragile mais qui se révèlera
pleine de ressources insoupçonnées, un vilain, loup solitaire,
qui paraît normal mais qui cache un lourd passé ce qui
justifie sa folie, un affrontement entre les deux personnages, a priori
inégal mais qui débouche sur une issue salvatrice pour
l’héroïne, avec tout de même un traumatisme
important en raison de ce qu’elle aura vécu. De ce cahier
des charges, la plupart des éléments sont respectés,
avec une presque trop grande application dans la mise en scène,
un peu trop sage, prévisible, sans beaucoup de style (sauf deux
ou trois images) et qui finalement ne provoque que bien peu de frissons.
Comme on ne sait pratiquement rien sur le personnage de la traquée,
ou juste des détails qui la rendent légèrement
agaçante ou terne, on regrette parfois le manque d’imagination
du poursuivant-geolier. Mais cela fait partie des principes du genre,
le jeu n’est fascinant (s’il peut l’être) que
lorsqu’on peut se tenir des deux côtés de la peur
: celui qui la subit, et celui qui la provoque… On parvient ici
tellement facilement à rester pile au milieu, en position d’observateur,
qu’il semble bien que les objectifs inhérents à
ce genre de production ne soient pas atteints.