Plus de deux heures trente pour
raconter l’histoire d’un pauvre quidam divorcé
qui tente de renouer avec son ex-épouse (qu’il aime toujours,
évidemment) et par la même occasion, de rétablir
une relation affectueuse avec ses enfants, c’est un peu long.
Bien sûr, c’est un film américain destiné
aux sorties en famille, il n’y a donc pas de suspense quand
à l’issue de la quête de ce looser en apparence
qui va se révéler un véritable héros,
avec des aptitudes hallucinantes pour conduire toutes sortes de véhicules
en terrain parfaitement hostile, de préférence sous
une pluie d’objets divers et variés (voitures, camions,
morceaux d’immeubles, lave en fusion, etc).
Notre fier chevalier des causes perdues et des temps post-modernes
emmène ex-femme, enfants et même le petit ami de sa chère
et tendre, qui n’est pas si mauvais bougre, finalement, puisqu’il
a la décence de disparaître pour laisser le couple se
reformer (oh, mince, je vous ai dit la fin… mais malins comme
vous l’êtes, vous l’aviez deviné, non ?).
Pourtant, ce voleur d’épouse est un chirurgien esthétique,
profession (au cinéma) symbole de lâcheté, d’inutilité
et de mesquinerie. Et ici, non, il n’est rien de tout ça.
Cette mise à mal (loin d’être douloureuse, tout
de même) d’un cliché va de pair avec d’autres
aspects du récit, qui se veulent légèrement provocateurs
mais qui, somme toute, sont politiquement très corrects, et
quelque peu indigestes. Le président des Etats-Unis (ah oui,
c’est un autre personnage, un peu secondaire) est noir, sa fille
également, célibataire et très agréable
à regarder ; et le savant jeune, beau, idéaliste et
tout bien comme il faut, est noir aussi. Vous voyez ce qu’il
va se passer ? Et bien vous avez raison. On aurait pu rêver
à un gros bazar sentimental et ambigu, le savant avec l’ex-épouse,
pendant que le héros-looser-mais-héros-quand-même
s’envoie en l’air avec le chefaillon rondouillard devenu
maître du monde après la disparition du président
des Etats-Unis et du vice-président.
Bref, le scénario ultra-conservateur est nullissime, les dialogues
font parfois hurler de rire silencieusement à cause de leur
ringardise au 2012ème degré. Mais pour tout dire, on
n’est pas venu pour cela, on se doutait bien qu’Emmerich
n’était pas devenu Altman, on est là pour les
effets spéciaux, pour voir des immeubles s’écrouler,
des autoroutes plier et s’enrouler sur eux-mêmes, la terre
s’entrouvrir et engloutir des villes entières, les océans
se déchaîner et dévaster la civilisation…
De ce point de vue-là, on est servi. C’est impressionnant.
Mais on s’en moque complètement, il n’y a aucune
peur, aucun suspense, aucune surprise. C’est affligeant de confort.