Un film sur l'esclavage des noirs
aux Etats Unis, voilà qui n'est pas nouveau… sauf que
par bien des aspects, cette œuvre est novatrice et fera sans
doute référence. Le scénario, en premier lieu,
qui aborde un volet méconnu de l'Histoire américaine,
où l'on découvre que des hommes noirs, libres, vivant
dans le Nord, ont été enlevés et vendus comme
esclaves dans le Sud. C'est ahurissant, mais tout à fait
réel… le film est une adaptation du livre qu'a écrit
le vrai Salomon Northup, un des rares à avoir pu en réchapper…
après douze années d'enfer.
La mise en scène est flamboyante, large, terrible. Les images
splendides, le travail sur le son, les cadrages, la longueur des
scènes, tout concourt à montrer les faits en rivant
le spectateur à son siège et en l'empêchant
de s'assoupir. Pas ou peu de discours, c'est un cinéma qui
s'adresse plus au corps qu'à l'esprit. On peut presque ressentir
physiquement les coups de fouet, on est sincèrement révolté
devant l'énormité des situations. Et pourtant c'est
aussi un cinéma très esthétique, d'une beauté
parfois stupéfiante, presque exagérée…
Certaines scènes, qui parviennent à être à
la fois magnifiques et terrifiantes, ont une force inouïe.
On parle beaucoup de celle où le personnage principal est
pendu à une branche, seuls le bout de ses pieds touchant
le sol, avec autour de lui la vie qui continue, d'une longueur incroyable,
insoutenable et magistrale mais il n'y a pas que celle-ci à
oser la durée. On peut quitter la salle après la projection
en se disant que tout cela est parfois trop travaillé, trop
esthétique, trop maîtrisé, mais qu'importe,
et peut-être même tant mieux si c'est beau, très
beau. On est marqué, profondément. Steve McQueen est
grand. Et qu'on ne me parle pas de compromis entre cinéma
d'auteur et cinéma commercial, c'est juste ici du cinéma.
Et putain qu'est-ce que c'est fort…