Sans doute faudrait-il avoir vu 
            "12 hommes en colère" pour apprécier à 
            sa juste valeur ce remake russe du classique de Sydney Lumet. Formidablement 
            théâtral, succession de numéros d’acteurs 
            mais pas seulement, le film repose sur un scénario terriblement 
            prenant, un huis clos parfois drôle, parfois sombre, qui ne 
            lâche pas le spectateur. Au début simples pantins d’une 
            sorte de farce, un semblant de justice, les douze hommes prennent 
            de l’épaisseur au fur et à mesure de l’avancée 
            de leurs interventions. Tous différents, les douze membres 
            du jury n’en sont pas pour autant des clichés, ils apportent 
            leur dose de surprises, et c’est une jubilation, un plaisir 
            d’auditeur de conte, que de les écouter, de les voir 
            tenter de se convaincre les uns les autres. Les voix, les caractères 
            en présence, les regards, les déplacements dans la grande 
            salle où se déroule la délibération, les 
            éclairages… tout cela fonctionne comme un opéra, 
            une sorte de spectacle total, autant pour les sens que pour l’esprit. 
            L’émotion ne vient pas des personnages et de ce qu’ils 
            représentent, mais de la virtuosité de la mise en scène, 
            de l’aura des acteurs, de l’emphase des scènes 
            qui se succèdent sans jamais lasser malgré les deux 
            heures trente. 
            Chapeau, Monsieur Mikhalkov !