Voici un film d'une douceur bienfaitrice.
Pour l'âme, pour les sens, pour le moral en berne en cette
fin d'hiver. Rien de très nouveau dans l'histoire d'une rencontre
improbable, sauf que le récit s'attache non pas aux aspects
romantiques d'une renaissance, mais à tous les petits détails
qui font le sel du quotidien, drôles ou dérisoires,
poétiques ou scientifiques (parfois les deux en même
temps et c'est un délice), anecdotiques ou terriblement signifiants…
Le réalisateur, qui n'est pas un inconnu, trouve ici un ton
très particulier, en parvenant à faire d'une déprime
presque un objet d'étude où le second degré
affleure sans cesse. On sourit très souvent, les émotions
peuvent submerger pour un rien, un regard, un mot, une esquisse
de geste qui vous ramène à votre propre vie.
Pourtant, le sujet, qui n'est pas qu'un contexte, pourrait au premier
abord paraître un peu aride, avec cette histoire de séminaire
sur le kilo, entre scientifiques de haut vol qui ne s'empêchent
pas de philosopher, sortes de savants à l'ancienne, un peu
anachroniques, dépassés sans doute et justement pour
cela, tout à fait crédibles.
Il est question d'amour (un peu, en passant), de mort et de transmission,
du sens de la vie, toutes ces choses pas tout à fait légères
et cependant le film n'est jamais lourd, la séduction opère
à l'aide de voiturettes électriques, le récit
est semé d'incongruités et de micro évènements
un peu absurdes. Les deux personnages principaux n'échappent
pas aux clichés : la scientifique norvégienne est
grande, blonde, organisée, calme et se laisse embarquer (et
séduire) dans l'à-peu-près très français,
et le Parisien ressemble à un Parisien un peu fauché
mais pas trop, aimant les bonnes choses de la vie, séduisant
sans le vouloir… Mais on s'en moque, tout fonctionne ou presque,
c'est un petit film, certes, mais un de ces petits films bien plus
grand que beaucoup de prétendus chefs d'œuvre qui squattent
les écrans. Ne le loupez pas.