Dommage

Novembre 2008

 


C’est un mercredi à Paris, midi, un cinéma à Bercy. Ne me demandez ce que je faisais là un mercredi, alors que j’habite à cinq cents kilomètres de là. Ne me demandez pas, ce n’est pas le sujet.
Bref, la séance pour le film "les grandes personnes" est à 11 heures 55, je ne suis pas en retard, je vais pouvoir goûter aux publicités et aux bandes-annonces. Sauf qu’en entrant dans la salle, il y a de la musique, mais rien sur l’écran. Pas de pub Ikéa, pas de bande-annonce pour Hunger. Vous voyez cette pub Ikéa, avec une femme trouvant un petit crayon dans la poche du pantalon de son mari, comprenant que ce dernier est allé chez Ikéa sans elle, et déclarant les larmes aux yeux "C’est grave, Nicolas". Vous voyez ? C’est drôle, non ?


Bon, alors la bande annonce pour Hunger, des notes de piano transperçant le silence, des images impossibles qui se baladent sur l’écran, pas un seul mot, des spectateurs qui retiennent leur souffle, vous voyez ? Encore moins ? Bon, tant pis. Dommage.
Midi, midi cinq, toujours rien, pas le moindre frémissement, et des spectateurs qui n’ont pas l’air de s’affoler plus que ça.
Et puis, voilà midi dix, un crachotis dans les enceintes du cinéma, la musique qui s’arrête, et un monsieur encravaté qui descend les escaliers, se plante devant nous, un micro à la main : "Désolés, vous n’avez pas eu de publicités ni de bandes annonces, mais nous avons bien mieux que ça, voici l’équipe du film !"
… !!!
Tout petits applaudissements, il faut dire qu’on doit être à peine une vingtaine dans la salle…
Et arrivent devant l’écran deux femmes que je ne reconnais pas et Jean-Pierre Darroussin lui-même.
Le tout suivi par une caméra.
On comprendra plus tard qu’il s’agit d’un reportage sur la première journée d’un film, en l’occurrence ces "grandes personnes", d’Anna Novion, avec Darroussin et Anaïs Demoustier.
Darroussin se met à parler du film, de ce qu’il fait là. Pareil que dans ses films. Nonchalant et drôle, plutôt sympa.
Moi j’aime bien Darroussin, alors je suis content, je souris bêtement, j’applaudis quand il a fini de parler, alors qu’il n’a pas dit grand chose d’extraordinaire, mais voilà, c’est comme ça. Ensuite Anna Novion la réalisatrice parle elle aussi, on apprend qu’elle fut marchande de confiseries dans le même cinéma il y a quelques années de cela, pour payer ses études.
Ah ouais ? Je vais regarder de plus près les marchandes de confiseries, à l’avenir.
Anaïs Demoustier est toute jeune, dans le genre timide et effacée. Elle ne dit rien.
Ensuite le film commence. A la fin, ils ne reviennent pas. Dommage.


Après, j’enchaîne sur un autre film, "The Duchess", avec Keira Knightley. J’arrive sans retard à la séance, en espérant qu’il n’y ait pas de publicités, pas de bandes annonces, juste de la musique et un gars en costume venant dire, nous avons une surprise…
Et puis non, faut pas rêver, Keira n’est pas là. Keira ne viendra pas.
Dommage.
La vie n’est qu’une succession d’espoirs semi-déçus.