Bon, alors la bande annonce pour Hunger, des notes de piano transperçant
le silence, des images impossibles qui se baladent sur l’écran,
pas un seul mot, des spectateurs qui retiennent leur souffle, vous
voyez ? Encore moins ? Bon, tant pis. Dommage.
Midi, midi cinq, toujours rien, pas le moindre frémissement,
et des spectateurs qui n’ont pas l’air de s’affoler
plus que ça.
Et puis, voilà midi dix, un crachotis dans les enceintes du cinéma,
la musique qui s’arrête, et un monsieur encravaté
qui descend les escaliers, se plante devant nous, un micro à
la main : "Désolés, vous n’avez pas eu de publicités
ni de bandes annonces, mais nous avons bien mieux que ça, voici
l’équipe du film !"
… !!!
Tout petits applaudissements, il faut dire qu’on doit être
à peine une vingtaine dans la salle…
Et arrivent devant l’écran deux femmes que je ne reconnais
pas et Jean-Pierre Darroussin lui-même.
Le tout suivi par une caméra.
On comprendra plus tard qu’il s’agit d’un reportage
sur la première journée d’un film, en l’occurrence
ces "grandes personnes", d’Anna Novion, avec Darroussin
et Anaïs Demoustier.
Darroussin se met à parler du film, de ce qu’il fait là.
Pareil que dans ses films. Nonchalant et drôle, plutôt sympa.
Moi j’aime bien Darroussin, alors je suis content, je souris bêtement,
j’applaudis quand il a fini de parler, alors qu’il n’a
pas dit grand chose d’extraordinaire, mais voilà, c’est
comme ça. Ensuite Anna Novion la réalisatrice parle elle
aussi, on apprend qu’elle fut marchande de confiseries dans le
même cinéma il y a quelques années de cela, pour
payer ses études.
Ah ouais ? Je vais regarder de plus près les marchandes de confiseries,
à l’avenir.
Anaïs Demoustier est toute jeune, dans le genre timide et effacée.
Elle ne dit rien.
Ensuite le film commence. A la fin, ils ne reviennent pas. Dommage.