La
Tragédie
comique
Cie
La fabrique
imaginaire
avec
Yves Hunstad
On pourrait le croire sorti d’une conversation secrète entre Beckett et Pirandello…
Cet homme étonnant, lunaire, jouant les rôles d’un acteur d’une part et du personnage qu’il interprète d’autre part. Pour passer de l’un à l’autre, un simple nez de bois, qui transforme tout, la voix, l’expression, la vibration, le regard.
L’acteur est un inquiet, tragiquement sérieux, facilement déstabilisé. Le regard fixe, parfois perdu, portant depuis longtemps un fardeau d’angoisses plus ou moins cachées, il interroge parfois un régisseur fantôme, ignore le plus souvent son public pour ne parler qu’à son personnage avec lequel il a des relations souvent conflictuelles, mais qui ressemblent à celle que pourraient entretenir un vieux couples d’amoureux ne pouvant se passer l’un de l’autre.
Le personnage, lui, a la truculence des mythes. Il court, il vole, il n’existe que dans l’imaginaire mais il épouse une réalité démesurée, il se multiplie, devient une foule ; il est simplement magnifique sans jamais tomber dans la lourdeur.
Dans un costume étonnant, Yves Hunstad, seul en scène, incarne ce duo poétique, absurde en passant, drôle (parfois à hurler de rire, littéralement), émouvant, ému lorsqu’à la fin le public debout n’en finit plus de l’acclamer. Sans cesse sur le fil, doté d’un talent hallucinant, il fait croire à tout, absolument tout, même à l’illusion de l’improvisation. S’il vient à passer pas loin de chez vous, courez-y, c’est un bonheur de spectacle.
