Foenkinos,
je l'ai découvert avec "le potentiel érotique de
ma femme", au style vif, acéré, drôle, racontant
une histoire de couple entre clichés romantiques et décalages
(vraiment) surprenants, le tout agrémenté de quelques
digressions délicieuses.
Puis, quelqu'un m'a offert "la Délicatesse".
Je ne savais pas les prix littéraires, les sept cent mille lecteurs,
la prochaine adaptation au cinéma.
Ce serait facile de dire que j'ai adoré ce livre, ou qu'il m'a
touché, et que vraiment, j'ai passé un bon moment avec
les personnages, tristes et drôles. Ce serait.
Oui bien sûr il n'y a pas la même surprise avec les digressions
légères et incongrues, marque de fabrique de l'auteur.
Il y a peut-être aussi quelques facilités dans cette histoire
d'amour entre deux égarés, tellement loin l'un de l'autre,
un peu comme dans "le mec de la tombe d'à côté",
autre succès populaire.
Mais la délicatesse, c'est quelque chose. Ce n'est pas tout à
fait la douceur, la douceur fait partie de la délicatesse, comme
la tendresse, mais il y a autre chose. Ce sont des attentions qui pourraient
sembler dérisoires et qui font murmurer de plaisir. Avec une
phrase, parfois juste un mot, on peut la briser, la délicatesse.
Ce n'est pas tout à fait non plus l'harmonie, c'en est même
assez loin. En musique, on dirait que parfois "ça frotte",
sans jamais, ô grand jamais tomber dans la cacophonie : c'est
juste beau, sans qu'on sache vraiment pourquoi. C'est comme parvenir
à ouvrir un cadeau emballé dans du papier de soie sans
le déchirer, pour être capable ensuite de le prendre, ce
cadeau, à pleines mains mais avec ménagement, le tourner
et le retourner dans tous les sens mais avec une sensibilité
infinie…
La délicatesse racontée par Foenkinos, c'est ce bonheur-là…
Merci à celle qui m'a fait découvrir cette délicatesse-là.