Sofia Coppola est brune.
Sofia Coppola a une peau blanche, très claire, quasi translucide.
Sofia Coppola a donc, comme toutes les malheureuses dans cette même
situation, des problèmes de pilosité. Trop abondante,
trop voyante, peut-être même les deux mon général.
Ça l’a traumatisée.
En réaction, Sofia (on commence à bien la connaître,
on peut l’appeler par son petit nom), passe son temps à
filmer des blondes aux cheveux longs et fins évidemment ; filles
et cheveux éthérés, évanescents, le tout
dans des jeux de lumière hamiltono-moches (les filles qui ont
grandi dans les années 70 appelleront ça des effets «
Sarah Kay », mais faut connaître). Elle nous a fait le coup,
multiplié par 5 petites pouffes quand même, dans Virgin
Suicides et elle continue à énerver dans Lost in translation.
Cette fois-ci, il s’agit d‚une balade fadasse dans laquelle
elle a rajouté, pour faire bonne mesure, une musique «
planante » (mot poli dans les media pour dire chiante et ennuyeuse
comme la pluie, mais on n’osera pas critiquer le groupe Air et
les My bloody Valentine), quelques relents bien sentis de racisme, pudiquement
renommés ˆargh-au-secours-sauvez-moi-je-suis-perdue-au-milieu-de-gens-dont-je-ne-comprends-ni-la-langue-ni-les-moeurs-et-qui-sont-un-peu-cons-et-terriblement-obséquieux-comme-après-tout-tous-les-jaunes-si-jaloux-de-notre-société-occidentale-où-au-moins-on-sait-cuire-la-viande-correctement,
et une romance, platonique forcément (l’amour physique
c’est sale, l’abstinence c’est bien) entre un quinqa
lunaire et fatigué et une jeune coconne qui vient de finir ses
études et qui suit son mari photographe (dont, par charité,
on s’abstiendra de causer) au Japon, où elle s’ennuie
à cent sous de l’heure.
Ça commence par un gros plan sur le fessier de Scarlett Johansson.
Rien à dire il est superbe, en culotte rose transparente (je
parie que quelques messieurs, tout à coup, vont se dire que non
vraiment, il est grand temps qu’ils se fassent leur propre opinion
sur ce film : chef d’oeuvre ou nanar ?). Et ça résume
bien le film : c’est beau, c’est transparent et c’est
d’une vacuité absolue. Scarlett joue très bien la
fille qui ne sait pas ce qu’elle fait là et qui est complètement
paumée. Parfois on se demande juste un peu si elle se pose la
question à propos de la scène en cours ou du film. Bill
Murray nous refait ad vitam aeternam le personnage du clown triste qui
subi les événements et Tokyo est tout à fait dépaysante,
mais pas sûr que ce soit grâce à la réalisatrice,
qui se contente de poser sa caméra dans les bons endroits, qui
nous la joue de temps à temps « à l’épaule
» pour faire chic et qui au final à l’air de se promener,
condescendante, dans un zoo de province. Ah si quand même, comme
c’est le Japon, elle nous a inclut une scène de karaoké,
incontournable…
Au final, ils ne couchent pas, on vous a dit que c’était
maaaaal, il ne se passe pas grand-chose et les personnages n’ont
pas l’air d’avoir avancé un calot en termes de vie
intérieure. Ça ne donne pas envie d’acheter la BO,
sauf si on a décidé d’en finir et qu’on hésite
encore, là ça pourrait faire la différence. Ça
donne envie de coucher avec le premier inconnu qui passe, histoire surtout
de ne pas ressembler à ces deux nouilles et on se dit que vraiment
Tokyo, vaut mieux y aller soi-même si on veut savoir à
quoi ça ressemble pour de vrai. Si ça se trouve ce nanar
est financé par l’office du tourisme de la ville ??
Dans son prochain film, je propose à Sofia d’embaucher
Clémence Poésy, comme ça elle aura fait le tour
des blondes éthérées après Kirsten et Scarlett.
Faudrait qu’elle nous fasse ça dans le désert, pour
assurer de beaux reflets mordorés, le tout sponsorisé
par l’Oréal. Vivement, quand même qu’elle vienne
à bout de sa thérapie sur les blondes et qu’elle
commence à faire du cinéma !
Marie A.